Québec – Le recours aux sages-femmes pour l’accouchement est une pratique sécuritaire et légalisée au Québec depuis 1999. Pourtant, les obstétriciens et gynécologues continuent de remettre en doute le champ d’expertise dans le domaine des sages-femmes.
En effet, une déclaration percutante du président de l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec, Robert Sabbah, dans le Magazine Enfants Québec d’octobre 2011 illustre bien la friction entre les deux parties. «Accoucher à la maison est criminel, négligent et dangereux », a-t-il déclaré ajoutant être toutefois en faveur de la pratique des sages-femmes et des maisons de naissance.
Pour Claudia Faille, présidente du Regroupement les Sages-femmes du Québec «Accoucher auprès des sages-femmes est absolument sécuritaire. On continue toujours d’en parler, car les médecins font beaucoup de pression sur la sécurité des accouchements».
L’Ordre des sages-femmes du Québec est du même avis : «l’Ordre soutient le choix des femmes, chaque accouchement est unique et c’est important que les femmes soient à l’aise», a expliqué sa présidente Marie-Ève St-Laurent.
Du côté des obstétriciens et gynécologues personne n’a voulu commenter. Cependant, une entente de partenariat a été conclue à l’automne 2007 entre le Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ) et le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Vieille-Capitale. Une collaboration entre les médecins et les sages-femmes existe à l’hôpital St-François d’Assise de Québec.
Autant du côté de l’Ordre que de celui du Regroupement des sages-femmes du Québec, on assure que «ce n’est pas la guerre avec l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec», a tenu à préciser Madame St-Laurent.
Elle ajoute même que «sur le terrain, les gynécologues respectent le travail des sages-femmes, c’est vrai qu’il y a parfois une méconnaissance du champ de pratique par certains intervenants»
Une plainte a toutefois été déposée au Collège des Médecins concernant la déclaration du Docteur Sabbah. Le regroupement des sages-femmes du Québec espère ainsi qu’une rencontre avec les obstétriciens et gynécologues aura lieu bientôt afin de mieux faire connaître leur profession.
Il est important de rappeler que les sages-femmes, spécialistes de la grossesse normale, sont détentrices d’un baccalauréat de 4 ans et demi, donné à l’Université du Québec à Trois-Rivières. De plus, la pratique des sages-femmes étant légalisée depuis 1999, les services des sages-femmes sont maintenant intégrés dans le système de la santé et couverts par la Régie de l’assurance maladie du Québec.
«Le Québec compte environ 115 sages-femmes alors qu’en Ontario on en dénombre 550, soit plus que le nombre d’obstétriciens et gynécologues», a comparé Madame Faille.
Madame Faille rappelle qu’à la suite de la commission parlementaire du 19 septembre dernier sur la pratique sage-femme au Québec, plusieurs recommandations ont été émises. Parmi celles-ci, une campagne de sensibilisation sur les avantages que comporte le recours à une sage-femme pour l’accouchement devrait voir le jour. «Je suis très heureuse, il était grand temps», a-t-elle conclu.