Quand la police enquête… sur la police

L’histoire du matricule 728, cette policière rendue tristement célèbre par son comportement agressif largement diffusé sur le web, relance la question de la surveillance de la police.

La police détient une autorité, un pouvoir : elle se doit d’être exemplaire, elle doit comme toute autorité donner l’exemple. Quand la police dérape, le citoyen a le droit de se poser des questions et de s’inquiéter…

La majorité des policiers font sans doute un travail honnête et juste. Par contre, comme c’est souvent le cas, la minorité vient entacher la réputation et faire honte à la profession. L’uniforme donne une autorité et avec cette autorité viennent des responsabilités, par exemple, celle de protéger les citoyens, de voir au maintien de la paix.

Il y a ici un important lien de confiance, une relation primordiale et précieuse. La confiance c’est comme un élastique et si on tire trop fort et bien à un moment donné ça casse.

Ce qu’il y a d’étonnant et de gênant dans toute cette histoire, c’est que le chef de police de Montréal (SPVM) a condamné le geste de sa policière après qu’une vidéo et des extraits sonores eurent été rendus publics par Radio-Canada. La question que l’on doit se poser est la suivante : que serait-il advenu de ce rapport, n’eût été la diffusion de cette vidéo ?

Il faut condamner le geste. C’est la goutte qui fait déborder le vase; cette situation doit servir d’exemple et de jurisprudence. À quand une unité d’enquête indépendante pour faire la lumière sur les problèmes dans la police? Déléguer les enquêtes à une autorité indépendante, créer un groupe d’experts avec les compétences pour être impartial.

Au début de 2012, l’ancien ministre de la Sécurité publique Robert Dutil a déposé le projet de loi 46 portant sur les enquêtes sur des corps de police. Or, nous sommes à la fin de 2012 et toujours aucune progression significative dans ce dossier.

La protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain avait même recommandé dans un mémoire « la police ne doit plus enquêter sur la police ». Elle suggérait plutôt la création d’un organisme « réellement indépendant » qui réalise lui-même les enquêtes. Il serait composé de civils « qualifiés », comme des avocats criminalistes, et d’ex-policiers, sous l’autorité d’un directeur civil, ancien juge ou avocat criminaliste.

Le pire dans cette arrestation musclée et gratuite, ce n’est pas la violence, mais la solidarité entre les policiers et peut-être même la falsification du rapport afin d’éviter d’éventuelles poursuites au tribunal. «Là, je l’ai (Stéfanie Trudeau) très bien entendu dire, «écris» pas ça comme ça, parce que si ça va en cour, je ne veux pas me faire écoeurer», a affirmé une voisine, témoin de l’événement, Catia Moreau, ingénieur de profession.

La police de Montréal a manifestement un problème et le matricule 728 en est probablement seulement la pointe de l’iceberg. Il ne fait aucun doute que cette structure malsaine cache de nombreux et plus graves problèmes de fonctionnement. Ce n’est pas la première occasion que le SVPM fait face à une situation semblable. C’est inquiétant.

La question des enquêtes sur la police a soulevé de nombreux débats au cours des dernières années, notamment après le décès de Fredy Villanueva en 2008.

Une réforme est nécessaire, il s’agit d’un cas dont il faut se servir pour faire bouger les choses. Ça fait trop longtemps que le gouvernement ferme les yeux et fait preuve de complaisance.

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