***La suite et fin de mon Marathon Canadien de ski version 2014!***
Un autre réveil matinal après une autre nuit agitée, mais tout de même, un peu meilleure que la veille. J’ai rangé mes bagages et je suis allée prendre le déjeuner à la cafétéria. Comme toujours, après une première journée d’effort, le corps est un peu plus raide et les petits bobos refont surface pendant la nuit. Rien d’anormal, quelques élongations au niveau de mes deux coudes, un inconfort dû à leur surutilisation, mais ils ne devraient pas me causer d’ennuis pour cette deuxième journée.
J’ai entendu à gauche et à droite, dans les dernières heures, que le parcours d’aujourd’hui est beaucoup plus montagneux qu’hier et que la troisième section du jour est le grand défi du MCS cette année. On verra bien rendu là que je me suis dit à moi-même et si ça monte normalement on devrait être gâtée par une longue descente!
Un petit tour d’autobus plus tard, quelques discussions de circonstances sous les « champignons chauffants » et c’est l’heure de se placer dans l’aire de départ. Mon plan de match pour la journée est très simple, finir en un morceau et en ayant le plus de plaisir possible. Je me suis quand même placée à l’avant, car c’est plus facile de se faire dépasser que de dépasser les gens.

Dès mes premières enjambées, malgré un certain déni de ma part, ma douleur au genou droit est belle et bien présente et avec vigueur quand je plie et je fais mon transfert de poids, particulièrement dans les faux-plats montants.
Contrairement à la veille, j’ai trouvé la première étape pénible et longue. Il a fallu du temps avant que mon corps se réveille et que ma tête s’habitue à gérer la douleur d’un genou non coopératif. C’était quand même impressionnant de passer devant le camp des Coureurs des bois OR avec le feu qui faisait rage dans les bottes de foin et qui éclairait au loin dans la noirceur du matin.
En skiant moins vite, j’ai eu la chance de parler avec quelques amis skieurs que je n’avais pas encore croisés et c’est toujours le fun de prendre de leurs nouvelles! J’ai aussi été prise un peu plus dans le trafic en haut des descentes et au premier ravitaillement, il a fallu que je refarte mes skis moi-même, car la ligne était trop longue, mais bon que de petits détails qui n’ont pas gâché mon plaisir.

La deuxième section a bien été, un peu moins montagneuse que la première, avec aussi moins de monde dans les skis et un moral qui avait repris du poil de la bête. Elle était assez longue en kilométrage, mais assez variée. Il y a eu bien sûr quelques sections sur le bord de la route où les roches ne sont jamais bien loin et le petit pincement au coeur qui vient avec lorsqu’on sait la belle skratch qu’il y aura sur la base du ski. Rendu à un certain point, on avance et on espère que personne de trop lent ne sera devant nous dans une des sections de transition en bordure de la route, car c’est pratiquement impossible de dépasser.
Le ravitaillement était particulièrement important parce qu’il était notre dernière occasion de reprendre des forces avant l’étape phare du jour. Plusieurs personnes m’ont dit que dans les prochains kilomètres j’allais monter comme jamais je n’avais monté avant en ski de fond. Mon rythme d’aller plus conservateur a fait en sorte qu’il me restait encore beaucoup d’énergie pour entamer cette section. J’ai ajouté un peu de grip à mes skis, mangé de la soupe et des m&m et je suis repartie en ayant hâte de découvrir le défi qui m’attendait.
Il y avait une bonne section de marche pour traverser un point en métal, j’ai failli me casser la gueule solide comme on dit en bon québécois, heureusement, j’ai réussi à rester debout!
Comme prévu, la troisième section s’est résumée à monter, monter, monter! Mes skis allaient bien, je rattrapais des gens et le soleil était de la partie. Tout allait bien dans le meilleur des mondes. À mon plus grand soulagement, je n’avais pratiquement aucune douleur au genou en canard et du canard j’en ai fait beaucoup dans cette étape. Il y avait une belle succession de montées assez abruptes et les skieurs se suivaient l’un derrière l’autre, parfois le rythme était plus lent, chacun avançait sans se parler, mais tous partageaient une partie de la même souffrance.

Une fois en haut, je me souviens d’une bonne descente à pic, plutôt glacée, qui m’a donné mal aux jambes tellement je devais forcer en chasse-neige pour contrôler ma vitesse et éviter de foncer sur le skieur devant moi. Gérer les descentes a été tout au long du MCS un exercice de concentration, il me fallait, non seulement être en mesure de me rendre en bas en un seul morceau, ce qui n’est généralement pas trop difficile, mais aussi faire attention et éviter les skieurs ayant chuté devant moi et parfois même avoir une pensée pour ceux derrière moi. Dans une certaine descente, j’ai même eu peur que le monsieur en arrière me fauche, finalement il s’est jeté par terre pour m’épargner.
L’avant-dernière section a bien été, elle était assez courte. Il y avait plusieurs bouts seulement tracés en simple et j’étais avec un petit groupe de skieurs qui n’allaient pas tous à la même vitesse. Ce n’est pas une étape qui m’a particulièrement marquée, cependant, les kilomètres commencent à faire leur effet, mes jambes sont raides, mes coudes me font mal et le niveau d’énergie baisse. Je n’ai pas eu d’inquiétudes pour faire le cut pour la dernière étape ou savoir si j’allais être en mesure de terminer. Comme on dit, petit train va loin. J’en étais plus au stade de faire des prédictions sur mon heure d’arrivée pour m’occuper l’esprit et penser à autre chose que mes petits bobos.
La dernière section, longue de 15km, m’a parue interminable. Je devais rejoindre mon père au dernier point de contrôle, mais à cause de sa catégorie de participation il a dû partir avant que j’arrive étant donné ma vitesse assez lente. Par contre, j’ai croisé mes amis et ils m’ont dit qu’il avait 5 minutes d’avance, alors je gardais espoir de pouvoir le rejoindre.

Pour en finir au plus vite, j’ai seulement fait un arrêt rapide aux toilettes, pris un peu de nourriture et je me suis remise en route en compagnie d’un monsieur. On a fait la jasette pendant quelques kilomètres, mais finalement j’ai dû le laisser filer, car je peinais à le suivre.
Je ne sais pas si c’est à cause de la fatigue accumulée ou bien les bornes kilométriques étaient mal positionnées, mais j’ai trouvé les derniers kilomètres de mon premier MCS difficiles. Il y a avait beaucoup de jeunes skieurs et j’étais rendue à un moment où les changements de trace me demandaient une énergie que je n’avais plus. Le genou était douloureux et à force de trop compenser, c’est ma jambe droite au complet qui ne répondait plus trop bien, surtout dans les virages à droite où c’était rendu carrément périlleux. Même qu’à certains moments je ressentais comme une décharge électrique ou un coup de couteau, l’espace d’un bref instant.
Je faisais le décompte ne sachant plus trop quand espérer voir l’arrivée, mon corps était fatigué et sur le pilote automatique depuis déjà un bon moment. Quelle ne fut pas ma joie de voir la banderole d’arrivée et de me faire scanner une dernière fois et de finalement franchir cette ligne symbolique et d’obtenir mon Coureur des bois Bronze!

Ça m’aura pris environ 10h pour compléter cette deuxième journée longue de 88km, un peu plus de temps que j’aurais souhaité, sauf que l’important, c’est de l’avoir terminée. Une fois mon épinglette bronze en main, un hot-dog vite englouti pour me redonner vie, je me suis assise, car mes jambes ne pouvaient juste plus me supporter. J’étais vidée.
Le bilan de cette première expérience est plus que positif! Mon moral a été vraiment bon, je n’ai pas eu de moments où j’ai eu le goût de tout arrêter et où je me suis me demandée ce que je faisais là. Peut-être parce qu’une fois dans le bois, il n’y a pas vraiment d’autres options que de continuer à skier! En tout cas, c’est tout un trip faire 165km en deux jours! J’ai hâte de pouvoir coucher dehors en 2016 pour être une vraie de vraie!

C’est sûr et certain que l’an prochain, je vais devoir skier plus et surtout m’entraîner avec un sac à dos, car ce n’est vraiment pas le même feeling.
Ça m’a pris une bonne dizaine de jours à m’en remettre physiquement et comme par miracle la douleur au genou n’est pas réapparue.