Dans quelques jours ma saison de planting (je sais, c’est le terme anglophone, mais ça sonne mieux!) va débuter et j’ai pensé vous expliquer un peu en quoi consiste cet emploi et pourquoi j’y retourne encore cet été.
Pratiquement chaque réveil est pénible, le corps aimerait bien quelques heures de sommeil de plus et pourquoi pas un massage. Le déjeuner est gras et des sandwichs ballonnés au pain blanc t’attendent pour le dîner. Le trajet en pick-up est long et cahoteux, le chargement des arbres mouillés et lourds sur la remorque est un mal nécessaire avant le début de la journée. Finalement, le foreman t’assigne un terrain, te laisse des arbres et t’explique la configuration dudit terrain et te rappelle que la journée finit à 16h pour ne pas arriver en retard au souper du camp forestier. Des centaines de mouches noires sont ravies d’avoir de la compagnie pour la journée. Glamour la vie de planteur? Pas vraiment, mais on aime ça quand même!
Pour moi, ces quelques mois dans la nature sont l’occasion de décrocher presque complètement d’Internet et de revenir à l’essentiel. J’aime la simplicité de la routine, mais aussi le défi de recommencer à zéro à chaque matin et de passer à travers de la journée en se poussant autant physiquement que mentalement. Bien sûr le chèque de paie est une bonne motivation!

Planter au Québec
Beaucoup de monde connaît quelqu’un dans leur entourage qui est déjà parti reboiser pour un été dans un coin reculé du pays. Ce que beaucoup ignorent cependant, c’est que ce n’est pas seulement dans l’Ouest canadien et en Ontario, mais le Québec offre également beaucoup de possibilités principalement en Abitibi-Témiscamingue, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord et dans le nord de la Mauricie. Démystifions un peu le métier!
L’avantage de planter au Québec c’est la relative proximité avec la maison, alors si jamais on n’aime pas ou encore il y a un « trou » entre les différents contrats on peut revenir à la maison et en plus on découvre l’arrière-pays québécois!
Éreintant, mais payant!
On ne se cachera pas que c’est un travail difficile tant physiquement que psychologiquement. Il faut travailler dans toutes les conditions météo possibles, loin de la civilisation et des commodités technologiques, dans des contextes parfois laborieux et surtout sans confort. Au moins au Québec, nous pouvons nous compter chanceux, car la CSST oblige les employeurs à fournir un minimum d’installations aux planteurs.
C’est exigeant physiquement et il faut s’attendre à avoir des ampoules aux pieds et aux mains, maux de dos, épaules, genoux, chevilles et fatigue générale. Les premiers jours seront les plus éprouvants, mais après quelque temps, le corps s’habitue et endure plus facilement les petits aléas du métier de reboiseur.
Vidéo planting sur l’Île d’Anticosti été 2012
Comme c’est un travail solitaire, il faut donc être prêt à passer beaucoup de temps en tête à tête avec soi-même! C’est là que la force du mental joue un rôle majeur, car inévitablement 10 heures par jour seul ce n’est pas toujours facile de se motiver et de se distraire. Certains reboiseurs préfèrent planter en duo, alors que d’autres écoutent de la musique, chacun développe ses trucs.
Le seul bémol à la musique, c’est la présence d’ours, d’orignaux ou de guêpe de terre que l’on risque de ne pas entendre donc de se faire surprendre! Il faut s’attendre aux mouches noires, frappe à bar (énorme mouche) et parfois aux chardons et framboisiers, on n’y échappe pas!
Bien évidemment, ce n’est pas un emploi fait pour tous, mais il n’y a pas vraiment de gabarit idéal pour réussir comme planteur il faut seulement la volonté et un brin de folie!
Ce n’est pas tout de planter le plus d’arbres possible, il y a certains standards de qualité à respecter et des parcellaires contrôlent votre travail. Aussi, l’employeur demande un certain rendement, normalement un minimum de 2000 arbres par jour est requis. Les bons reboiseurs plantent en moyenne 3000 arbres par jour et parfois beaucoup plus selon le type d’arbres et la qualité du terrain.

Selon les compagnies et les contrats, l’horaire de travail est souvent de quatre à six jours de travail consécutifs avec une ou deux journées de repos. Certaines entreprises font plutôt du 9 jours de travail pour 5 jours de congé, mais cet horaire est très taxant pour le corps et moins payant à cause d’un surplus de fatigue.
Les plus/les moins
C’est possiblement le seul emploi où l’employeur demande que votre motivation première soit de faire du CASH. Oubliez les motivations nobles comme l’expérience de vie, l’attrait de la nature ou l’environnement, car dans les moments difficiles ce qui poussera à continuer de planter arbre après arbre, c’est l’argent qu’il y a à faire et rien d’autre!
L’avantage de travailler comme planteur est sans aucun doute la paie parce que c’est payant, très payant pour un emploi qui ne demande aucune compétence particulière.
Bien que la condition physique s’améliore (pas le choix), il faut faire attention aux blessures d’usure!
Il ne faut pas craindre la saleté, car 10h dans le bois ça laisse inévitablement des traces.
Comme reboiseur tu es maître de ton horaire, tu n’as pas de pause prédéfinie, tu décides quand prendre quelques minutes pour manger et boire, mais le plus souvent c’est sur le pouce. Pas de temps à perdre lorsque la paie est à la production.
Le côté « broche à foins » du monde du reboisement, les inévitables bris d’équipement, le retard dans la livraison des arbres, les feux de forêt sont autant d’éléments susceptibles de contrecarrer les plans, mais avec lesquels il faut composer.

Choix de l’entreprise
Le choix de la compagnie est crucial, il existe beaucoup d’options allant des très grosses ou encore des plus petites entreprises où le service est personnalisé et où l’on se sent en famille.
À mon avis, le critère majeur à tenir compte est la livraison des arbres. Pour avoir le moins possible à marcher sans planter, car étant payé à la production, il faut planter le plus d’arbres en une journée, et ce, avec le moins d’efforts possible. C’est pourquoi il est très important d’avoir un contremaître qui amène les arbres au bon endroit, au bon moment de telle sorte qu’il ne vous reste plus qu’à planter arbre après arbre! Bien entendu, le taux à l’arbre n’est pas à négliger après tout c’est votre gagne-pain. Il y a l’adage suivant : « Pas de mauvais terrains, juste un mauvais taux à l’arbre ». C’est le fun aussi quand l’équipe de planteurs est sympatique!
***P.S. J’ai mis un onglet Treeplanting dans la barre de menu pour y ajouter des informations pertinentes accessibles facilement.***