Et l’aventure se poursuit! Déjà trois semaines sur la route, le temps passe trop vite. Beaucoup de rencontres intéressantes dans les derniers jours!
Jour 10 (14 octobre) = Qingdao à Rizhao (145,5km)
Prise deux! Cette fois-ci la météo était parfaite et forte de mon expérience de la veille, je connaissais la route par coeur pour me rendre au traversier. Le trajet sur l’eau a duré environ 40 minutes et j’étais maintenant de l’autre côté de la baie Jiaozhou à Huangdao.

La sortie de la ville n’a pas été trop compliquée et j’ai rapidement rejoint la G204. Tout au long de la journée, il y a eu quelques petites montées pour me garder alerte et mes jambes étaient assez bonnes. J’ai bifurqué sur une route très tranquille et vraiment charmante à environ 25km de ma destination. La route longeait la mer et il y avait plusieurs plages.
Pour la première fois, j’avais contacté un hôte de Couchsurfing pour m’héberger après une journée de vélo. J’ai rencontré une cycliste à l’entrée de la ville, en fait c’est celle-ci qui m’a abordée la première et moi j’ai sauté sur l’occasion pour demander des indications pour me rendre chez mon hôte. Solidarité entre cyclistes, elle m’a guidée jusqu’à l’entrée principale du campus de mon hôte, un colombien enseignant l’anglais. Lilu ne parlait pas trop anglais, mais elle était super gentille et aussi la seule cycliste que j’aie croisée jusqu’à maintenant (les filles ne sont pas sportives en Chine). Elle m’a littéralement sauvée un temps précieux et rendu plus agréable la fin de ma journée.

J’ai eu droit à un bon souper, riz et poulet, que j’ai mangé avec une fourchette! Un petit luxe qui se prend bien après une longue journée sur le vélo. Je dois dire que je suis arrivée chez lui assez fatiguée et sale, mais il a été super accueillant malgré son horaire chargé, il donnait un cours privé en soirée.
J’ai pu relaxer tranquillement sur son sofa après une excellente douche. Plaisir simple de la vie de cyclotouriste 😉
Jour 11 (15 octobre) = Rizhao à Lyanyun (127,1km)
Après m’être levé tôt, je suis allée manger un genre de crêpe-burritos dans un petit kiosque avec Leonardo et comme l’épicerie n’était pas encore ouverte, je suis retournée me relaxer un peu avant d’aller faire des provisions pour ma journée sur le vélo.
La journée a été pénible sur le vélo, je n’avais pas de jambes, j’ai eu faim toute la journée et pourtant je n’ai pas arrêté de manger. Il y avait beaucoup de pollution et à un moment je me suis mise à mal me sentir et à douter de pouvoir continuer à rouler jusqu’à la prochaine ville d’importance.
J’étais aussi exaspérée par la conduite des Chinois, j’ai lancé quelques jurons québécois bien sentis et ça a fait du bien!
Finalement, un semblant de forme et mon humeur se sont améliorés et la fin de ma journée sur le vélo s’est bien déroulée. J’avais prévu arrêter à Lianyungang, mais en fin de compte, je suis arrivée à Lianyun, ma lecture des pancartes n’est pas encore tout à fait à point! Néanmoins, je suis maintenant dans une nouvelle province : Jiangsu.

Après quelques recherches d’hôtels sans succès, une policière m’a abordée et m’a dit qu’elle connaissait une auberge de jeunesse dans un parc. Oh yeah! J’ai même eu droit à une escorte jusqu’à la porte et une invitation à souper! Encore une fois, je n’aurais jamais réussi à trouver l’endroit sans un peu de chance et l’hospitalité des locaux. En fait, l’auberge est tenue par des amis à la policière et j’étais la première étrangère qu’ils accueillaient depuis l’ouverture il y a cinq mois.
Comme c’est l’automne et la température commence à refroidir un peu, c’est la saison morte à Lyanyun, une ville côtière. Alors, j’étais seule dans ma chambre!
J’ai passé une super belle soirée en bonne compagnie, même si je ne comprenais pas tout ce qui se disait, au moins la policière parlait bien anglais et pouvait me traduire les trucs importants.
Jour 12 (16 octobre) = Lyanyun à Huai’an (175km)
Après une nuit durant laquelle j’ai super bien dormi, je suis parti tôt. Je savais qu’une longue journée sur la route m’attendait avant d’atteindre la prochaine ville et je voulais être certaine d’y parvenir avant la noirceur (il fait noir à 17h30).

Contrairement à hier, les jambes sont excellentes et le moral est à 100%! Tout au long de la journée, il y a eu beaucoup de villages sur la route, ce qui offre une forme de divertissement et permet de changer le mal de place. Une fois rendue sur la route s236, il y avait moins de trafic, c’était le fun! J’ai eu quelques instants de doutes quand j’ai vu un autre pont en construction, même si la route était bloquée aux autos, c’était passable en vélo. Pas de détour et une pause des klaxons qui a été la bienvenue!
J’ai aperçu mes deux premiers cyclotouristes, deux Chinois, allant dans la même direction que moi à l’entrée de la ville. L’un d’entre eux roulait vers Yangzhou et l’autre vers Nanjing comme moi. J’ai donc demandé à ce dernier s’il connaissait un hôtel pas trop cher et il a regardé sur son téléphone et il m’a dit de le suivre. Après une première tentative ratée, l’hôtel ne pouvait ou ne voulait pas accueillir d’étranger, il m’a guidée vers un autre hôtel et négocié pour moi le prix.

On a décidé de rouler ensemble jusqu’à Nanjing et faire la route en deux jours. La communication n’était pas évidente, car on ne parle juste pas la même langue! Heureusement, qu’il existe des applications pour traduire, ça sauve la vie! On est allé souper ensemble, près de l’hôtel il y avait plein de truck food et nous avons mangé un excellent riz avec de la viande et une soupe aux prunes je pense. Il est allé me reconduire à mon hôtel où j’ai enfin pu enlever mon cuissard! J’avais encore faim, alors après une bonne douche, je suis ressortie manger une autre assiette de riz et faire des provisions pour la route, car demain une autre longue journée m’attend.
J’étais brûlée, mais heureuse de ma journée!
Jour 13 (17 octobre) = Huai’an à Luhe (154,8km)
J’ai mal dormi, les jambes étaient trop dures. Mon nouvel ami cycliste Pengjieji (je n’ai jamais prononcé son nom) m’a texté de bonne heure et on est allé déjeuner ensemble dans un restaurant avec un gros bol de nouilles.

J’étais contente de ne pas avoir à me soucier des directions et pouvoir compter sur un peu de compagnie. Une fois sortis de la ville, on a roulé toute la journée sur la G205, qui m’a fait un peu penser à notre 138 au Québec, même si le décor n’est pas vraiment le même. Sans pouvoir vraiment communiquer en roulant, ça nous a pris quelques temps à s’ajuster l’un à l’autre et quand on s’est arrêté pour une petite pause, j’ai expliqué mon idée de prendre des relais. Parce que tant qu’à rouler à deux, aussi bien en profiter pour me sauver les jambes un peu et manger moins de vent.
Normalement, je préfère grignoter en roulant, mais là on a pris une pause dans un petit village pour manger un excellent repas. En reprenant la route toutefois, les jambes ne tournaient pas ronds pendant quelques kilomètres après avoir été inactives trop longtemps.

C’est un feeling assez particulier de passer des heures sur la route avec quelqu’un et d’échanger aussi peu. Pas facile de faire de la traduction instantanée sur un vélo! L’atmosphère était bonne et je pense que l’on avait deux tempéraments semblables ce qui fait qu’avec peu de mots, on s’entendait et se comprenait assez bien.
Les 50km de la fin ont été pénibles, je commençais à ressentir les nombreux kilomètres des derniers jours. Mon ami qui voyage beaucoup plus léger que moi, avec un simple sac à dos sur le rack arrière de son vélo de montagne, y allait de petites accélérations lors de ses relais. Ceux qui me connaissent savent que je suis un moteur diesel et je suis capable de tenir un steady pace pendant des heures! Ma vitesse de croisière confortable jusqu’à maintenant est de plus ou moins 20km/h.
Bref, nous sommes arrivés en ville juste avant la noirceur et la recherche d’hôtel a été encore une fois compliquée. Ce n’était pas les hôtels bas prix qui manquaient dans la ville, mais ils refusaient d’accueillir des étrangers. Ma première impression des gens de la place n’a pas été la meilleure, si je peux dire ainsi.

Un de ses amis cyclistes était dans la même ville que nous, alors on est allés souper tous ensemble. La nourriture était une fois de plus excellente et c’est moi qui ai le plus mangé et bu de bière, qui l’eut cru! Finalement, un hôtel a bien voulu de moi, une bonne douche plus tard et j’étais KO dans mon lit.
Jour 14 (18 octobre) = Luhe à Nanjing (61,7km)
Une dernière petite journée sur la route avant quelques jours de repos bien mérités pour visiter la capitale de la province de Jiangsu.
J’ai commencé la journée avec un immense bol de nouilles avec mes compagnons de route. Nous avons roulé tout le long en milieu urbain. Une chance que c’était une petite journée, car les jambes étaient lourdes et avec tous les arrêts aux lumières c’était difficile de trouver mon rythme.
Nous avons traversé le fameux pont qui enjambe la rivière Yangtze et le corridor pour les vélos et scooters est assez étroit, mais les gens dépassent quand même. Rouler avec un vélo chargé comme le mien dans un espace aussi réduit sur un pont et avec du monde qui dépasse en klaxonnant ce n’est pas ce que je préfère le plus. Rendue aux deux tiers de la traversée, je me suis faite accrocher par quelqu’un qui m’a dépassée au même endroit qu’un lampadaire, là où l’espace est encore plus restreint. Ma sacoche avant gauche a encaissé le choc et j’ai perdu l’équilibre et la seconde d’après j’étais par terre face première étendue de tout mon long avec une quinzaine de personnes bloquées à cause de moi. J’avais pris les devants et je pensais que les deux gars me suivaient tout juste derrière, mais non ils ont manqué ma chute et ne comprenaient pas trop pourquoi j’étais arrêtée au milieu du pont. Heureusement rien de cassé, mes coudes ont amorti ma chute et mon genou droit a pris un coup, mais tout est ok. Mon guidon était un peu croche, mais à la sortie du pont j’ai pu tout réajuster avec l’aide des gars.

Avant d’aller chez mes hôtes et amis de la famille, nous avons pris un dernier repas ensemble. À l’origine, le plan était d’aller se régaler dans un buffet, mais comme c’était au 4e étage et que l’on n’a pas trouvé d’endroit sécuritaire où laisser le vélo, on s’est rabattu sur des dumplings. On a pu avoir une « conversation » via l’application de traduction et j’ai pu leur donner une photo de moi en souvenir.
Ils ont ensuite été super gentils en venant me reconduire chez mes hôtes. On a pris quelques photos souvenirs et on s’est quittés. Toujours un peu triste de laisser derrière soi une amitié naissante, mais qui sait peut-être vais-je avoir la chance de les accueillir au Canada un de ses quatre!

Mes hôtes Jake et Anita sont des Couchsurfers chinois que mes parents ont hébergés à la maison familiale l’automne dernier. Ils viennent tout juste d’avoir un petit garçon il y a moins de deux mois! J’ai pu prendre une bonne douche et manger de l’excellente nourriture cuisinée par les parents de Jake. Je suis gâtée!
Pour les amateurs de chiffres, depuis mon départ de Beijing j’ai roulé 1524,2km!
Merci de me lire!
Merci de partager avec nous tes belles aventures… on voudrait en savoir plus encore…Bonne suite et encore plein de belles rencontres et des images et des souvenirs à emmagasiner…
De nouveau, très intéressant et jaloux de ton périple.
Belles photos Stéphanie, pense tu faire ce genre de voyage à vélo chaque année ou est-ce une aventure unique que tu planifiait depuis longtemps.Personnellement je prévois si possible commencer ce genre de voyage de façon annuelle, avec le travail d’été que je compte accepté à la fin de mes études, bonne journée de vélo,
Merci Rino! C’est mon premier gros voyage à vélo et ce n’est certainement pas le dernier… Si tout va comme prévu je devrais rouler sur la Côte Ouest américaine le printemps prochain! Il faut seulement trouver la bonne combinaison temps et argent pour réaliser nos rêves et j’espère y parvenir le plus souvent possible.