J’ai passé mes derniers jours dans la capitale de la province du Yunnan avant de tricher un peu et prendre le train pour la dernière province que je vais explorer : Guangxi.
Jour 55 (28 novembre) = Kunming (80km)
Altitude = 1900m
Ascension totale = 1098m
J’ai débuté ma journée par une petite marche matinale au Green Lake Park qui était situé tout près de l’auberge en étant à la recherche de kiosques de nourriture de rue pour déjeuner. Il n’y avait rien d’intéressant à manger dans le coin du parc, alors j’ai marché un peu plus loin pour trouver une excellente « crêpe » chinoise.
De retour à l’auberge, j’ai pris le vélo en direction des Westerns Hills, un endroit populaire et touristique à environ 15km de Kunming. La route pour s’y rendre n’est vraiment pas la plus belle, tant au niveau du paysage que du revêtement de l’asphalte, mais au moins la circulation n’était pas trop dense ce qui m’a permis de zigzaguer pour éviter les trous.
Ça ne m’a pas pris trop de temps pour arriver à destination, alors j’ai décidé d’aller explorer un peu les routes aux environs. J’ai d’abord monté une côté très apique, une chance que je n’avais pas de bagages! Par la suite, je me suis trouvée sur une belle route tranquille qui montait graduellement entre deux rangées d’arbres, et à part un groupe de cyclistes que j’ai croisé, il n’y avait que très peu de voitures. En bordure de la route, je pouvais voir qu’il y avait de nombreux sentiers aménagés pour la marche.
Faisant confiance à mon GPS, j’ai continué à rouler dans l’arrière-pays et plus j’avançais, plus c’était rural et à un moment donné je me suis même demandée si ça allait déboucher de l’autre côté. Finalement, après une bonne descente sinueuse, j’étais rendue de l’autre côté de la montagne, mais sans aucune idée de l’endroit où je me trouvais. Évidemment, aucune signalisation avec de l’anglais par ici. Après quelques détours et avoir consulté la carte Baidu (en chinois seulement) sur mon téléphone, j’ai trouvé ma voie pour revenir au pied des Westerns Hills.
Cette petite virée imprévue a été bien le fun, mais j’étais venue voir les Westerns Hills et le lac Dian. Il y a un beau col de 5-6km je pense et la route est fermée aux voitures ce qui est un vrai petit bonheur! Il y a plusieurs temples et au sommet des grottes à visiter, mais j’ai choisi de ne pas payer pour visiter ces attractions touristiques, jugeant que mon tour de vélo m’avait permis de voir la vraie beauté des lieux. Il y a quelques points de vue intéressants où on peut apercevoir le lac. C’est vraiment une destination prisée par les cyclistes, pour une des rares fois, j’ai croisé beaucoup de monde sur la route.
Le retour en ville a été rapide avec un vent de dos. La douche a été bonne et j’ai pris le temps de relaxer un peu avant d’aller manger dans un resto branché qui était bondé de monde, la nourriture était excellente et le prix, somme toute, raisonnable.
Jour 56 (29 novembre) = Kunming (25km)
À mon réveil, je me suis rendue compte que mon Iphone était mort, oh non! C’est l’un de mes outils de voyage les plus utiles et il me sert d’appareil photo principal. Finalement, après avoir fait une recherche approfondie sur Internet, j’ai réussi la manoeuvre pour le ressusciter, une chance!
Je me suis promenée en vélo dans la ville étant tannée de marcher et de toute façon en vélo c’est plus rapide! J’ai trouvé qu’il n’y avait pas grand-chose à voir, même les suggestions du guide touristique étaient ordinaires. Comme il faisait beau, je me suis arrêtée dans un parc et j’ai observé des enfants s’amuser en patins à roulettes, ils étaient vraiment habiles et qui sait peut-être la relève du pays en patinage courte piste! J’ai fait un détour par le magasin de vélo d’un hôte Warmshowers pour le rencontrer, mais celui-ci était parti rouler avec le club.
Ensuite, je me suis rendue à la gare de train pour acheter mon billet pour Guilin et déposer mon vélo. C’est la troisième fois que je prends le train et maintenant je connais bien le processus. Par précaution et pour me simplifier la vie, j’avais demandé au gars à la réception de l’hôtel d’inscrire les informations utiles pour que je puisse acheter mon billet sans trop de soucis.
Sur les 10 guichets, il y en avait seulement deux d’ouverts et j’ai dû faire la file pendant près de 45 minutes avant de pouvoir enfin acheter mon billet. Connaissant le chemin pour le service cargo, je m’y suis dirigée et le préposé m’a donné la fiche à remplir. Le seul problème, c’était écrit seulement en Chinois et malgré que je sache reconnaître certains caractères je suis incapable de lire… Finalement, voyant mon désarroi, il m’a aidée à remplir le papier avant de me diriger vers le guichet pour finaliser le tout et me faire payer.
Je suis retournée à l’auberge en marchant et j’ai ensuite passé deux heures à relaxer sur la belle terrasse dans la cour. Par la suite, je me suis rendue à une petite librairie reconnue pour son choix de livres en langues étrangères. J’ai trouvé un vieux best-seller chinois avec une traduction française vraiment pas cher pour passer le temps dans le train demain.
Je suis revenue par le Green Lake Park et ma foi c’était plein d’action en cette fin de samedi après-midi. J’ai eu de la difficulté à me frayer un passage entre les vendeurs de projets immobiliers, les gens en sarrau qui font des massages sur chaises, les liseurs de lignes de vie, les tireurs de cartes, etc. Une effervescence que j’ai rarement vue dans un parc. Un peu plus loin, il y avait une trentaine de femmes habillées en costume traditionnel et des kiosques de nourriture.
Pour ma dernière soirée à Kunming, j’avais envie de retourner au resto italien où j’étais allée le premier soir, mais il y avait une trop longue file d’attente. C’est toujours un défi et certains soirs une corvée de trouver un restaurant où manger. J’ai donc acheté un genre de rouleau printanier sur la rue et ce n’était franchement pas bon. Finalement, je me suis rabattue sur un petit resto pour manger un très ordinaire riz frit.
Jour 57 (30 novembre) = Kunming à Guilin (en train)
J’ai déjeuné à l’auberge en tentant en vain pendant 1h30 de mettre les photos sur mon blog, la connexion Internet était trop faible. C’est frustrant de perdre mon temps comme ça, mais comme je dois me connecter au VPN (pour contrer la censure chinoise du web), ça prend plus de « jus » j’imagine. Bref, je vais devoir trouver un autre moment pour mettre en ligne le blog.
Je suis allée visiter le temple Yuantong qui était situé à 10 minutes de marche de l’auberge. C’est un bel endroit pour prendre des photos, mais on a vite fait le tour. Ensuite, j’ai marché un peu dans les rues autour avant de prendre le métro pour aller au Pegasus Cycling Shop et rencontrer Hui Li, le propriétaire de la boutique également un hôte de Warmshowers. J’avais déjà payé l’auberge quand j’ai reçu sa réponse positive pour pouvoir camper dans son magasin de vélos, mais il m’a gentiment proposé de le rencontrer pour diner, ce que j’ai accepté avec plaisir.
C’est un homme vraiment accueillant qui parle un bon anglais et est passionné de vélo. Sur la porte d’entrée du magasin, on peut voir la collection de photos de cyclotouristes qui ont fait un arrêt à sa boutique au fil des années. Nous avons parlé de vélo pendant une bonne heure, il était curieux d’en savoir plus quand je lui ai dit que j’avais déjà travaillé dans une boutique de vélos et moi sur le marché du cyclisme chinois.
Ensuite, il m’a amenée chez lui, son appartement est situé juste derrière le magasin de vélos où sa femme et la femme de ménage nous attendaient avec un bon repas chaud. Comme à chaque fois que je suis invitée chez des gens, ceux-ci s’assurent que je mange beaucoup en remplissant mon assiette à toutes les deux minutes! C’était très bon et j’ai même eu le bonheur de voir son fils de quatre mois. Ce fut une belle rencontre que nous avons conclue par une photo souvenir!
Je suis retournée à l’auberge pour récupérer mes bagages et me rendre à l’arrêt d’autobus lourdement chargée. Il y avait beaucoup trop de monde qui voulaient embarquer dans l’autobus et quand j’ai réussi à m’y faire une place, nous étions serrés comme des sardines. Après un transfert et un autre autobus surchargé, j’ai dû marcher un 200m pour rejoindre la gare. Je ne vais pas garder un bon souvenir de la gare de Kunming.
On doit passer la sécurité et faire étamper le billet avant de pouvoir rejoindre la salle d’attente. Même si j’étais arrivée longtemps d’avance, il y avait déjà plein de monde devant la porte d’embarquement. J’en ai profité pour lire mon livre et du même coup ignorer les porteurs de bagages qui circulent entre les allées pour recruter des clients.
Cette fois-ci, je suis dans le wagon 5, alors je n’ai pas besoin de marcher trop longtemps avant d’atteindre mon lit. Je m’installe donc sur le lit du bas et j’attends que le train démarre avant d’aller chercher de l’eau bouillante pour ma soupe instantanée. Je termine mon livre et je me couche de bonne heure n’ayant pas grand-chose d’autre à faire.
Jour 58 (1 décembre) = Kunming à Guilin (en train) (16,4km)
Altitude = 155m
Décidément, je dors très bien dans les trains! Je me suis faite réveiller par mes voisins de couchette qui débarquaient de bonne heure. J’avais échangé de lit avec ma voisine à sa demande et lorsque l’employé du train a voulu me remettre mon billet, il y avait erreur sur la personne!
J’ai essayé de me rendormir avec plus ou moins de succès, mais je suis quand même restée sous les couvertures. Un peu plus tard, j’ai pris mon déjeuner gruau et pain que j’avais pris soin d’amener avec moi.
Le temps passe relativement vite en écrivant le blog, en lisant mon guide Lonely Planet sur Taïwan et en admirant le paysage complètement différent des dernières semaines qui défile à toute vitesse. Ces longs trajets de train me permettent de récupérer en dormant un maximum d’heures, j’en ai profité pour faire une sieste avant le diner de nouilles instantanées.
Le train est finalement arrivé à Guilin avec près d’une demi-heure d’avance et j’étais l’une des seules à descendre à cette station. J’ai donc pu marcher tranquillement vers la sortie sans être envahie de partout par les voyageurs et un gentil monsieur m’a même aidée à transporter un de mes sacs.
Contrairement à la gare de Kunming, le comptoir de bagages à Guilin est situé tout juste à côté de l’entrée principale de la gare. En cinq minutes, les employés m’ont apporté mon vélo et j’ai installé mes sacoches sur place sous l’oeil curieux de ceux-ci. J’ai ensuite contacté mon hôte de Couchsurfing pour connaitre notre point de rencontre et comment m’y rendre. Il m’avait écrit pendant que j’étais dans le train, qu’il ne pourrait plus m’accueillir, mais qu’un de ses amis pouvait.
Le temps qu’il me réponde, j’ai décidé d’aller explorer un peu les alentours sur mon vélo. Sur la route près de la gare, c’est une succession de vendeurs de scooters, on peut y trouver tous les modèles, de toutes les couleurs, un inventaire à perte de vue! Mon petit tour de ville m’a aussi permis de constater que ce n’est pas les sites touristiques qui manquent à Guilin, mais malheureusement rien n’est gratuit pour admirer les beautés de la nature.
J’ai été un peu surprise quand j’ai remarqué que mon GPS indiquait seulement 155m d’altitude, après plus d’un mois passé à 2000m ou plus, c’est tout un changement. Je n’ai pas ressenti de différence notable. Par contre, côté température, il y avait une bonne différence! C’était frais, venteux et nuageux.
Après plusieurs échanges de textos, j’ai finalement trouvé mon chemin jusqu’au Café de mon hôte, un peu en dehors du centre-ville, mais sur une artère passante. On a à peine discuté brièvement qu’il a continué à jouer à son jeu vidéo, car il n’y avait aucun client. De mon côté, j’ai profité du Wifi pour me mettre à jour sur l’actualité après avoir été déconnectée durant mes 20h passées dans le train.
J’ai demandé une suggestion de restaurant à mon hôte et il m’a dirigée vers une place pour manger les Guilin Rice Noodles, un plat typiquement régionnal. C’était très bon, mais aussi très épicé et j’ai dû composer avec quelques brûlements d’estomac le reste de la soirée.
Peu de temps après mon retour au Café, trois gars sont arrivés et eux aussi faisaient du Couchsurfing avec le même hôte depuis la veille. L’un d’entre eux était Coréen, lui aussi un cyclotouriste et les deux autres des Chinois « backpackers ». Le Café est aussi un bar et le proprio/hôte nous a servi quelques cocktails pendant qu’on discutait. Une chance que ces gars-là sont arrivés, car sinon ma soirée aurait été vraiment longue et plate.
L’endroit fermait à minuit, et comme on dormait dans la salle il fallait attendre que les clients partent. Pour joindre l’utile à l’agréable nous avons bu de la bière à 3,5% (!) en mangeant des noix et autres snacks que notre hôte nous amenait, notamment des escargots et des brochettes de viande. Le cycliste coréen venait de passer un mois à Taïwan, alors il a pu me fournir plusieurs informations pertinentes et partager avec moi ses coups de coeur. J’ai aussi pu apprendre quelques nouveaux mots en chinois, que j’ai, pour la plupart, déjà oubliés. Les gars trouvaient que j’étais de bonne compagnie et une « vraie », pas comme les filles asiatiques qui ne boivent pas et se trouvent des excuses. Bref, ce fut une belle soirée.
Jour 59 (2 décembre) = Guilin à Yangshuo (90,2km)
Altitude = 273m
Ascension totale = 664m
Une très courte nuit de sommeil, sur un lit de fortune composé de deux banquettes et d’une chaise pour mes pieds. On appelle ça du vrai Couchsurfing! Malgré tout, j’ai bien dormi et je suis sortie déjeuner en faisant le moins de bruit possible, car les autres avaient planifié dormir jusqu’à midi au moins!
Pour ma part, j’avais hâte d’enfourcher le vélo et de découvrir cette nouvelle province. Ça été facile de quitter la ville et de rejoindre la route qui allait longer la fameuse rivière Li. Les 15-20 premiers kilomètres, il y avait beaucoup de circulation et j’ai même vu deux scènes d’accidents sans blessés graves. Les gens conduisent mal ici et s’engagent sur la route sans regarder, mais durant mes 10 semaines en Chine, j’ai rarement vu des accidents, même si c’est assez fréquent et c’est tant mieux ainsi!
Par la suite, j’avais la route à moi toute seule, une belle route de campagne tantôt au revêtement frôlant la perfection et tantôt en construction avec trous, bosses et sable : l’état des routes chinoises est toujours surprenant! J’ai grimpé quelques lacets de 3-4km pour basculer d’une vallée à l’autre, le paysage était vraiment spectaculaire, car j’étais entourée de belles montagnes aux formes diverses et toutes plus intrigantes les unes que les autres. C’était vraiment un beau coin pour rouler.
Un peu avant d’arriver à la ville de Xingping, la pluie s’est mise de la partie, d’abord timidement et puis il s’est mis à pleuvoir pour vrai. Selon les prévisions, je devais éviter d’être mouillée aujourd’hui, mais demain ça devrait être le déluge, c’est en partie pourquoi j’ai précipité mon départ de Guilin et que je ne suis pas arrêtée à Xingping.
J’ai sorti les couvre-sacs imperméables pour mes sacoches et le manteau de pluie pour une première fois depuis mon arrivée en Chine et les 30 derniers kilomètres ont été roulés sous la pluie, c’était assez froid. Disons que j’avais le nez dans le guidon et que je poussais un peu plus fort sur les pédales pour ne pas étirer la sauce. J’avais fini de rouler en terrain montagneux, la route était belle et plate, parfaite pour rouler vite! Rendue au village de Fuli, je me suis arrêtée à l’épicerie pour m’acheter une collation et me mettre un peu à l’abri.
Je suis finalement arrivée à Yangshuo en milieu d’après-midi et la pluie s’était calmée un peu. Je n’ai pas eu à chercher trop longtemps pour repérer l’auberge de jeunesse How Flowers que le cycliste coréen m’avait recommandée pour la location et surtout le prix très bas. Le check-in a été un peu long même si le staff parlait un anglais ok, c’est le formulaire pour étranger qui semble compliqué à remplir sur leur ordinateur.
J’ai tout de suite sauté dans la douche et pour une rare fois je n’ai pas eu à attendre pendant cinq minutes que l’eau chaude vienne, sauf que le jet était fou. Je commence à avoir hâte de revenir au Québec pour profiter d’une salle de bain qui réponde à tous mes critères!
En soirée, je suis allée marcher sur la West Street, la rue piétonnière et comme mon hébergement n’étaitt pas cher, je me suis gâtée avec une pizza pour souper. C’était bon!
Ces derniers jours, je joue plus à la touriste que je ne pédale sur mon vélo, alors le compteur stagne un peu et il affiche présentement 3647 km.