J’ai tellement aimé mon séjour en Chine que j’y suis même restée trop longtemps! Et Hong Kong m’a surprise d’une belle façon.
Jour 65 (8 décembre) = Shenzhen à Fairview Park, New Territories, Hong Kong (63,1km)
Dormir dans un train c’est relaxant, dans un autobus ça l’est beaucoup moins! Le confort de mon « lit » n’était pas trop problématique, c’est plutôt l’absence d’espace pour mes pieds qui a troublé mon sommeil.
Vers 7h30, c’était l’heure de descendre pour moi, je croyais que mon arrêt était le terminus, mais ce n’était pas le cas. Heureusement, le chauffeur s’est souvenu de moi et est venu m’avertir. Pas tout à fait réveillée, je sors en vitesse et je remets les sacoches sur le vélo pour quitter le stationnement. Contrairement aux prévisions météo que j’avais consultées qui annonçaient chaud et beau et bien, c’était pluvieux et frais. Ne sachant pas trop ou aller, je devais d’abord trouver une toilette pour me changer, il n’y avait pas de toilettes dans la station de bus. Finalement, je trouve un hôtel proche et je peux me préparer pour la journée à venir.
Shenzhen est la dernière ville en Chine dans laquelle j’ai roulé et je dois dire que ce n’est pas une ville très agréable à rouler, il faut rouler sur les trottoirs et zigzaguer parmi les piétons. Par chance, la pluie n’était pas trop intense et après avoir suivi mon GPS et fait quelques détours involontaires, je me suis finalement rendue à la station de métro. J’aurais bien aimé pouvoir traverser sur mes deux roues, mais la frontière entre la Chine et Hong Kong est une zone à restrictions et c’est par le MRT (métro) que les cyclistes peuvent accéder à Hong Kong le plus facilement. Je profite du comptoir d’échange de devises pour obtenir des dollars de Hong Kong.
Rien n’est jamais simple en Chine et encore moins quand on ne parle pas Mandarin. Incapable de trouver les ascenseurs, je tente de demander des indications, mais on me renvoie vers l’escalier mobile. Je n’ai aucune envie de grimper par ce moyen-là avec mon vélo chargé, je dois m’y résoudre faute de mieux. Le gardien de sécurité me regarde « rusher » à trouver la bonne position pour me rendre en haut sans me faire écraser par mon vélo. Après une bonne frousse j’arrive enfin en haut où je dois faire la file pour passer les douanes avant d’accéder au métro.
Pas facile de devoir manier mon vélo dans le zigzag de la file d’attente sans accrocher personne. Une quinzaine de minutes plus tard, je tends mon passeport et ma carte de sortie de la Chine au douanier pour ce qui ne devait être qu’une formalité… Quelque chose trouble visiblement le douanier qui fait appel à un collègue et m’indique de le suivre à l’autre bout de la salle. Tout se fait par gestes et jamais personne ne m’adresse la parole pour m’expliquer quoi que ce soit. Je dois traverser de peine et de misère à travers une foule dense de Chinois qui attendent leur tour pour passer au guichet.

Rendue à l’autre comptoir, on me fait poiroter pendant un bon 45 minutes sans rien me dire. De mon côté, je ne suis pas vraiment inquiète, mais plutôt contrariée de perdre mon temps. Finalement, un autre officier m’amène au « bureau d’investigation plus poussée » un peu plus loin, et là enfin une douanière me demande en anglais si c’est mon premier séjour en Chine et me dit que j’ai dépassé mon visa de deux jours. Oups, j’ai confondu la date limite d’entrée pour la date de sortie. Heureusement, j’ai seulement reçu un avertissement écrit et je peux quitter la Chine!
Après avoir obtenu l’étampe chinoise sur mon passeport, je dois marcher un long couloir pour refaire la file pour pouvoir entrer à Hong Kong. Le douanier est très gentil et parle anglais, il me questionne à propos de mon voyage l’air intéressé et même un peu jaloux!
Le plus compliqué est maintenant derrière moi, enfin c’est ce que je croyais. Les vélos sont admis dans certaines stations du MRT à Hong Kong à condition que la roue avant soit enlevée. Connaissant le règlement, je tente quand même ma chance sans rien démonter, mais une agente de sécurité veille au grain. Je dois donc, me plier à ce règlement stupide malgré quelques protestations. Transporter son vélo chargé sans roue avant et avec les sacoches et la roue dans les mains, c’est loin d’être évident. Au moyen d’un effort d’équilibre, j’ai réussi à me rendre au quai non sans être complètement en sueur. Je n’ai qu’une seule station à franchir avant de sortir et chercher sans succès un ascenseur. Après deux aller-retours dans l’escalier mobile, je peux enfin quitter le réseau de transport et sortir découvrir Hong Kong.
Il fait beau et chaud! Première constatation, je dois apprendre à rouler à l’envers, Hong Kong étant une ancienne colonie britannique, je m’y attendais, mais ça me demande définitivement une constante attention pour ne pas me ramasser à la mauvaise place.
J’ai rendez-vous en fin d’après-midi avec mon hôte de Warmshowers chez elle à une vingtaine de kilomètres de la station de métro et comme je suis en avance, je décide de suivre les indications de mon GPS et de passer dans l’arrière-pays.
Rapidement, je me trouve à longer un cours d’eau sur une piste cyclable déserte comme mon GPS fait souvent des conneries, j’ai demandé à d’autres cyclistes mon chemin et deux d’entre eux ont accepté de m’escorter sur 15-20km! Quel bonheur de pouvoir suivre mes deux guides sur leurs vélos pliables Brompton avec selle Brooks, un jour, je me promets de me gâter un vélo du genre.
On roule dans de petites routes de campagne dans les montagnes, les New Territories sont la partie plus sauvage de Hong Kong et je me trouve vraiment chanceuse de pouvoir rouler ici et découvrir un Hong Kong que je ne soupçonnais pas, une section du trajet passe même dans une base militaire. Environ une heure plus tard, on arrive au Fairview Park, un quartier résidentiel de 5000 maisons avec tous les services, où demeure mon hôte Iris. Ayant encore un peu de temps devant moi, je roule tranquillement dans les rues désertes et je vais repérer la maison avant d’aller m’acheter une collation à l’épicerie et profiter du soleil sur un banc de parc.
Vers 17h, je rencontre finalement mon hôte qui me fait faire le tour de sa maison. Ses deux chiens sont très excités de me voir. J’adore vraiment être accueillie par des membres du réseau Warmshowers, car ils savent vraiment rendre les choses simples pour les cyclistes, puisqu’ils en sont eux-mêmes. Rien de mieux qu’une douche pour commencer la soirée. Étant polie, je demande toujours ce que je peux faire pour aider et je me retrouve donc à changer une crevaison sur le vélo pliant d’Iris. Une bonne occasion de garder mes réflexes rapides, car par chance je n’ai eu aucun pépins avec mon propre vélo. Le temps que je finisse de réparer le tout et me laver les mains et mon hôte avait eu le temps de terminer le souper. Un bon échange de service!
La nourriture était bonne, même les petits poissons que l’on mangeait tout entier! Iris est une cyclotouriste d’expérience avec 42 pays à son actif visités sur deux roues. Comme elle est professeur, elle profite de chaque congé pour partir à l’aventure. C’était le fun d’écouter ses histoires et de connaître ses coups de coeur : Norvège et Japon.
Jour 66 (9 décembre) = Hong Kong (46,9km)
J’ai profité d’un début de journée assez relax seule à la maison de mon hôte avant de prendre mon vélo pour rouler vers le centre-ville de Hong Kong. J’ai cherché un tout petit peu mon chemin vers la station de métro, mon GPS ne sachant visiblement pas qu’à Hong Kong on roule à gauche, ce qui me donna un peu de fil à retordre pour les ronds-points!
Cette fois, je n’ai pas eu à enlever ma roue avant pour prendre le métro. Joie! C’est assez surprenant, mais depuis que je suis à Hong Kong, j’ai vu au moins 3-4 gars avec des vélos de descente, décidément je n’ai pas fini d’être surprise par la ville.
J’allais rejoindre Iris à son lieu de travail, une école secondaire en plein centre-ville pour qu’on aille prendre le lunch ensemble. J’ai pu laisser mon vélo en sécurité et ensuite on a marché vers le réputé petit restaurant 1 étoile Michelin Tim Ho Wan, où ils servent des Dim-Sum, pleins de petits plats à partager. Même si nous étions de bonne heure pour le diner, il y avait déjà une bonne file d’attente pour avoir une table. Par chance, comme nous n’étions que deux, nous avons été appelées assez rapidement. Je me répète, mais c’est tellement mieux d’aller manger au restaurant avec les locaux qui savent exactement quoi commandé pour avoir une expérience culinaire authentique et c’est encore plus vrai quand on ne connaît pas la langue. Bref, j’ai laissé mon hôte choisir le menu et je ne fûs pas déçue! Nous avons partagé six plats différents et wow j’ai adoré tout ce que j’ai mangé.
Iris devait retourner au travail et moi j’en ai profité pour me promener dans les rues commerciales, notamment la fameuse Apliu Street. On y retrouve des gadgets de toutes sortes à bons prix en marchandant un peu, mais pour dire vrai je n’avais pas besoin de rien. J’ai marché vers l’un des magasins de vélos avec le plus d’inventaire en ville, que je savais n’être pas trop loin, en espérant pouvoir faire quelques bonnes affaires. Flying Ball Bicycle Company a vraiment tout ce qu’un cycliste peut avoir de besoin, mais les prix sont comparables à ce que l’on a au Canada, dommage pour ma chasse aux aubaines! En arpentant les rues, j’ai quand même réussi à me trouver un maillot de vélo à manches longues pour presque rien et une nouvelle serviette de plein air pour remplacer celle que j’avais perdue.

En fin d’après-midi, je suis allée rejoindre Iris et ensemble on a roulé jusqu’au métro. On a traversé la moitié de la ville afin de se rendre au port et que je sache où aller demain pour prendre le traversier pour l’île ou se trouve l’aéroport. Pour prendre des forces en prévision de notre retour en vélo, nous avons pris le « afternoon tea » dans un petit resto. C’est vraiment un classique à Hong Kong où les prix sont coupés de moitié et on peut manger une bonne collation calorique en fin d’après-midi. Miam!
Il y a la superbe promenade Tuen Mun en bord de mer que les coureurs et marcheurs prennent d’assaut, elle est cependant interdite aux vélos, la sécurité nous a crié après! On a roulé à bon rythme pendant 1h15 pour revenir chez Iris, principalement sur la piste cyclable sauf les derniers kilomètres en bordure d’un cours d’eau sur une route déserte dans la noirceur. Un bon riz frit pour souper avant de tomber au combat après une journée bien remplie.
Jour 67 (10 décembre) = Hong Kong à Taipei (en avion) (37,6km)
Après une nuit de sommeil couci-couça, j’ai pris un bon déjeuner avant de partir tôt pour attraper le traversier de 11h à Tuen Mun pour Tung Chun où se trouve le magasin de vélos où une boite m’attendait.
J’avais fait le trajet en sens inverse avec mon hôte Iris hier soir et mon GPS avait en mémoire le tracé. Pendant les premiers kilomètres, j’ai roulé sur la piste cyclable et comme je déteste rouler sur les pistes cyclables, j’ai décidé de laisser le GPS me guider par les routes de campagne, car j’avais un peu de temps de lousse.
Ça n’a pas été trop long que je me suis mise à monter et je suis entrée dans le Tai Lam Park, un superbe endroit pour les amateurs de nature. J’avais la route à moi toute seule et le paysage était majestueux. Je ne savais pas qu’il y avait autant de possibilités pour le vélo à Hong Kong, les New Territorries regorgent de beauté et ça vraiment été une belle découverte pour moi. J’ai vu de nombreux sentiers pour la marche et même plusieurs trails pour le vélo de montagne.
Pour avoir droit à de belles vues sur la ville et le réservoir Tai Lam Chung, mes jambes ont du travailler fort et j’ai sué un bon coup, mais ça valait la peine. Comme le temps commençait à filer, j’ai du pédaler un peu plus vite pour être certaine de ne pas rater le traversier. Je voulais arriver un peu en avance pour pouvoir prendre quelques photos de la promenade, qui soit dit en passant est l’endroit idéal pour rencontrer les sportifs de Hong Kong!
Une fois la beauté des lieux capturée, je suis allée au traversier et j’ai eu droit à un traitement de faveur en étant la première à embarquer sur le petit bateau. Le trajet a duré 25 minutes et la mer était assez agitée. Une fois de l’autre côté, c’était vraiment tranquille autour du terminal. Je savais à peu près où aller pour trouver le magasin de vélos, alors j’ai pris la route et je n’ai pas eu trop de difficulté à trouver l’endroit malgré sa localisation un peu à l’écart.
J’ai rencontré le propriétaire Christian qui était en plein travaux de rénovation pour améliorer la boutique. Je m’attendais à devoir démonter mon vélo moi-même, mais Christian a pris le tout en main et en deux temps trois mouvements, le vélo était dans la boîte. Il m’a même trouvé un de ses immenses sacs en plastique réutilisables, qui sont partout en Chine, pour pouvoir mettre toutes mes sacoches et ainsi éviter de devoir payer un surplus de bagages à l’aéroport.
Il y avait un resto tout près et je me suis régalée d’un bon repas en pouvant compter sur l’aide du gars du magasin de vélo comme interprète. Déjà que mon mandarin est très limité, mon cantonais quant à lui est pratiquement nul! J’ai bien mangé et je suis retournée voir Christian, j’ai jasé un peu et lui ai montré des photos de mon voyage avant qu’un client n’arrive avec une crevaison. Il a été super gentil d’amener mes affaires sur le bord de la route principale à bord de son tricycle et d’attendre qu’un taxi n’arrive pour être sûr que tout serait ok. Une dizaine de minutes plus tard j’étais à l’aéroport.
Je n’ai que de bons mots pour Hong Kong Airlines, mon enregistrement a été ultra rapide et efficace, je n’ai même pas eu à faire la file avec ma boîte de vélo et en plus il n’y avait aucune surcharge pour le vélo, si seulement ça pouvait tout le temps être comme ça!
L’avion a décollé avec un peu de retard, mais le vol qui durait un peu moins de deux heures a passé très vite et le « sausage bun », un hot-dog nouveau genre a permis de me sustenter un peu. Comme j’arrivais en soirée dans une ville qui m’était inconnue, j’avais choisi de réserver une chambre via Airbnb qui offrait le service de navette avec l’aéroport pour me simplifier la vie et aussi pouvoir laisser ma boîte de vélo pendant que je découvrais Taïwan.
J’ai donc eu droit à un lift jusqu’à ma chambre et l’occasion de discuter un peu avec mon hôte qui a demeuré à Vancouver durant 10 ans. Une fois installée, je suis sorti m’acheter à manger dans un des nombreux 7-eleven, ses « convenience stores » qui sont partout à Taïwan.
De retour dans ma chambre, malgré l’heure tardive, j’ai commencé à remonter mon vélo, question de pouvoir prendre la route dès le lendemain matin. Avec seulement 10 jours, mon temps est précieux!
Mes jambes m’ont permis de découvrir 3981,6km jusqu’à maintenant!
Très intéressant!
je suis contente d’avoir de tes nouvelles; je te souhaite une bonne fin de voyage et je t’envie Lise (mêre de Jonathan)